Le 4 avril 2023, Open Data France et La Mednum organisaient un atelier dédié aux médiateurs numériques. L’objectif de cet échange était alors d’identifier les besoins et les attentes des médiateurs numériques vis-à-vis d’une démarche d’acculturation aux données.
L’atelier a débuté avec l’identification des situations où les données sont au cœur de la mission des médiateurs, afin de pouvoir, au fur et à mesure de l’atelier, à déterminer les compétences à développer lors d’un parcours d’acculturation, pour une meilleure maîtrise et usage des données.
Lors de cette étape, de nombreuses situations ont été identifiées. Nous les avons regroupées en cinq grandes thématiques :
- Accompagnement aux démarches administratives,
- Accompagnement aux usages numériques quotidiens,
- Accompagnement aux usages numériques professionnels,
- Organisation et mise en place d’action d’initiation et de sensibilisation,
- Répondre à des questions et à des interpellations.
L’atelier s’est poursuivi en identifiant les compétences qui sont mobilisées par les médiateurs numériques lors des situations précédentes et la manière dont ces compétences ont été acquises :
- Compétences juridiques : connaissance du cadre réglementaire, notamment le RGPD.
- Compétences techniques : manipuler un tableur.
- Compétences techniques : reconnaître des formats de données, des outils de conversion, format CSV.
- Compétences techniques : tester des plug-in et add-on sur des navigateurs internet.
- Compétences techniques : régler les paramètres sur des applications et des sites.
- Utiliser un moteur de recherche.
Concernant la manière dont ces compétences ont été acquises, dans la majorité des cas, il s’agit de compétences acquises grâce à de l’auto-formation et des initiatives personnelles comme la participation à des conférences ou le suivi de Mooc.
Les participants ont également évoqué le fait qu’ils ont souvent recours au “système D” “bidouille”, et de l’importance de savoir utiliser des tableurs, car cela permet de collecter, structurer et traiter des données.
L’étape suivante consistait à explorer les situations où les données peuvent être utiles à la mission des médiateurs numériques. Là encore de nombreuses pistes ont été identifiées, et nous les avons structurées en quatre thématiques :
- Accompagner les citoyens dans la gestion de leur consommation,
- Accompagner les citoyens dans des démarches de santé (notamment à l’utilisation de mon espace santé),
- Pouvoir géolocaliser des lieux/évènements et aider les citoyens à en faire de même,
- Permettre aux citoyens d’accéder à des informations concernant la vie politique (transparence).
Les participants ont été par la suite invités à partager les compétences (en lien avec les données) qu’ils doivent développer et celles que les citoyens doivent développer pour une meilleure maîtrise et usage des données :
Compétences à développer (par les médiateurs) :
- Compétences pédagogiques : afin de pouvoir transmettre aux citoyens.
- Compétences juridiques : renforcer la connaissance du cadre réglementaire sur le RGPD et celui relatif à l’Open Data.
- Compétences techniques : compréhension des techno autour du développement, du code, etc.
- Meilleure connaissance des différents publics (besoins, attentes, contraintes…) pour mieux les accompagner à travers la médiation.
- Connaissance des risques en ingénierie sociale (risque de manipulation psychologique en ligne à des fins d’escroquerie des plus vulnérables).
- Connaissance des acteurs de l’écosystème données, des bases de données disponibles et des cas d’usage.
- Équilibrer les profils pour avoir autant de compétences techniques que “sociales” sur le sujet de la donnée.
Compétences à développer (par les citoyens) et modalités :
- Esprit critique vis-à-vis d’internet en général (ne pas tomber dans le ‘je n’ai rien à cacher”)
- Dans l’hypothèse de pouvoir lire et comprendre les données publiques; savoir questionner les statistiques et les représentations graphiques.
- Une solide connaissance des enjeux sociétaux liés aux données.
Modalités :
- Des jeux de rôles/simulations.
- Des événements type Grand Barouf Numérique.
- Des cas d’usage, cas d’école, exemples (bac à sable).
La fin de l’atelier a été l’occasion pour les participants de partager un certain nombre de suggestions et d’alertes :
Pour les médiateurs, les compétences pourraient s’articuler autour de trois verbes d’action/étapes :
- Je protège : je connais les grands enjeux et le droit,
- Je contribue : je collecte, j’enrichis, je contribue,
- Je mobilise : je réutilise les données, je transmets des données, et des capacités d’agir aux autres.
Du côté des citoyens, l’acculturation pourrait se faire autour de quatre questions :
- Pourquoi les données sont un sujet important et pourquoi devrais-je m’y intéresser ?
- Qu’est-ce qu’une donnée et comment cela fonctionne ?
- Quels sont mes droits (et mes devoirs) ?
- Qu’est-ce que je peux en faire (exemples de différents usages)
Par ailleurs, les participants ont appelé à :
- Prendre en compte les effets de groupe, qui peuvent peut être un frein dans le changement de comportement (je reste sur facebook car tout le monde y est), mais surtout qui peuvent être un très bon catalyseur pour la formation (animations de groupes).
- Il faut aider les citoyens à acquérir des convictions sur le sujet du numérique en général et des données en particulier. Mais aussi des convictions par rapport à leur capacité d’agir (sortir de la résignation).
- L’open data peut être un bon moyen de parler des données aux citoyens, car c’est accessible, moins anxiogène que les données personnelles et que des cas d’usages intéressants existent.
- La donnée est sujet qui reste très compliqué pour la majorité des citoyens, l’enjeu aujourd’hui est de savoir comment passer de 0 à 1 (sur une échelle de 0 à 10).
Ces riches échanges vont nous permettre de compléter les retours récoltés lors de l’atelier citoyen et de concevoir des parcours d’acculturation adaptés aux besoins des deux publics cibles (citoyens + médiateurs). Nous remercions tous ceux qui ont pris part à l’atelier, tant sur l’organisation, l’animation et le partage d’informations.