Pouvez-vous présenter Street-co ?
A l’origine de Street-co, il y a une mésaventure personnelle. A la suite d’un accident, j’ai vécu pendant deux mois le quotidien d’une personne handicapée et la course d’obstacles qu’elle doit affronter pour se déplacer. J’ai ensuite constaté que l’information disponible sur l’accessibilité était, quand elle existait, peu fiable faute de mise à jour. C’est ainsi qu’a germé l’application street-co, un GPS piéton collaboratif qui calcule un itinéraire sans obstacles. Sa particularité est de s’appuyer sur une communauté d’utilisateurs (7000 aujourd’hui) qui peut partager, en temps réel, les problèmes d’accessibilité : trottoir non conforme, escalier, obstacle fixe ou temporaire… Chaque utilisateur a la possibilité, comme dans Waze, de « liker » ou « unliker » l’information pour la fiabiliser. Ces données des utilisateurs sont proposées aux villes clientes (Puteaux, Levallois…) pour nourrir leur politique d’accessibilité via une plateforme SAAS. Elle permet au service voirie de résoudre rapidement des problèmes d’accessibilité et de transformer un Plan d’accessibilité voirie (PAV) en projet opérationnel, avec des indicateurs de suivi.
Quelles données publiques réutilisez-vous ?
L’application a une vocation nationale voire internationale et nous avons cherché à intégrer un maximum de données existantes : celles d’Ile de France mobilité (ex STIF) sur l’accessibilité des arrêts de transport ou encore les données sur les escaliers, les places PMR et les sanisettes accessibles de Paris, Nantes ou Rennes. Ces données constituent un socle utile… mais très insuffisant car l’accessibilité évolue au jour le jour, au gré des travaux, des intempéries et de toutes sortes d’aléas.
Quelles attentes avez-vous en matière d’open data ?
Nous disposerions de données nationales harmonisées et à jour sur la déclivité des voies, les escaliers, l’accessibilité des arrêts de transport comme de tous les bâtiments publics ce serait parfait ! Mais nous ne croyions pas beaucoup à ce monde idéal. On constate que beaucoup de collectivités ont dépensé des milliers d’euros dans des PAV obsolètes le jour de leur publication. Dans certains cas, il ne s’agit même pas de données structurées mais de PDF totalement inexploitables. Nous croyons que l’avenir est aux plateformes avec une donnée enrichie par les utilisateurs qui profite autant aux services de la collectivité qu’aux personnes handicapées.